Au sujet des récoltes d'argent pour la construction de mosquées en France...
Question :
Notre Cheikh, qu’Allah vous bénisse. Nous sommes des frères salafis de France et nous voyons aujourd’hui beaucoup de salafis demander des dons aux gens afin de construire des mosquées salafiya en Europe et d’être indépendants des mosquées des gens de l’innovation. Et des salafis réprimandent cela disant que la demande d’argent ne fait pas partie de la voie des prédécesseurs, que cela n’est pas tolérée et n’est même pas permis pour le salafi. Qu’est-ce qui est donc correct à ce sujet ? Doit-on arrêter les demandes d’argent pour construire les mosquées ? Et de manière générale, est-il permis de demander de l’argent pour financer les activités de la da’wah comme le fait d’acheter des livres afin de les distribuer gratuitement par exemple ? Et qu’Allah vous rétribue par un bien.
Réponse de Sheikh Muhammad Ibn Omar Bazmoul, qu’Allah le préserve :
Louange à Allah, que la prière et le salut d’Allah soient sur le Messager d’Allah ainsi que sur sa famille, ses compagnons et ses alliés. Ceci dit [1] :
En ce qui concerne cette question, tout d’abord, la mendicité est à la base interdite dans le cas où l’homme sollicite les gens pour une chose qui a un rapport avec sa propre personne. Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit : « La mendicité n’est permise que pour trois personnes ». Puis il a cité les caractéristiques des personnes pour qui il est permis de mendier. De plus, la main de celui qui donne est supérieure et celle de celui qui prend est inférieure.
Ces hadiths sont donc liés à la demande de l’homme aux gens pour ses propres besoins. Quant à la demande adressée en vue des projets de bienfaisance, elle n’entre pas dans ces hadiths. Cela n’entre pas dans ces hadiths. On ne dit donc pas de celui qui demande aux gens de faire des dons pour aider les nécessiteux ou pour un projet quelconque qu’il est entré dans le cas où la mendicité est interdite.
Et il a été rapporté que lorsqu’un groupe de gens du Yémen est venu au Prophète (صلى الله عليه و سلم), et ce sont les ach’ariyyoûn, lorsqu’il les vit et qu’il vit leur pauvreté, leurs habits déchirés et leur indigence, il encouragea donc [les gens] à faire l’aumône et il ordonna que ces aumônes soient rassemblées afin de leur être distribuées. Il y a en ce hadith une preuve de la permission de demander des dons aux gens pour aider les nécessiteux et les pauvres. Et il est donc à plus forte raison permis de rassembler des dons et de les demander aux gens afin d’accomplir des projets de bienfaisance ou des projets qui serviront aux musulmans d’une quelconque manière, comme la construction d’une mosquée ou la fondation d’un organisme de charité pour distribuer les aumônes aux pauvres. Nous pouvons donc dire que ceci est une chose fondée sur une preuve de la Sounna, et cette preuve est ce hadîth, le hadîth du groupe de personnes aux habits déchirés lorsqu’ils sont venus à Médine.
Cependant, on remarque que dans la Sunna, il n’a été rapporté qu’il ne l’a fait qu’occasionnellement et non pas en tout temps. C’est pour cela qu’il ne convient pas de faire cela continuellement, comme le fait qu’il y ait constamment un bureau pour les récoltes des dons. Lorsque les gens ont besoin de faire une récolte de dons pour un quelconque projet ou action pour aider des gens ou une chose similaire, il convient alors de faire cela au moment où l’on veut accomplir ce projet, non pas en tout temps et toute situation. Et il convient également que la récolte soit effectuée par des gens de confiance pour lesquels nous n’avons pas peur et dont on est à l’abri de leur mal. Et ce de manière à ce que lorsqu’ils auront récolté cet argent, ils le déposeront là où il faut, n’en feront rien disparaître et ne l’utiliseront pas dans des choses qui ne sont pas convenables et qu’Allah n’agrée pas ni Son Messager.
Ainsi, sur cette base, si ces conditions sont réunies, rien empêche de récolter les aumônes et les dons pour un quelconque projet ou pour aider ceux-ci ou ceux-là. L’homme accomplit cela, mais comme je vous l’ai mentionné, il ne doit pas le faire continuellement et il faut que cela soit fait par des gens de confiance.
Et le hadith auquel j’ai fait référence est celui que Muslim à cité dans son sahîh dans les chapitres du Vendredi, le hadîth d’Al-Moundhir Ibn Jarîr, d’après son père qui a dit : « Nous étions auprès du Prophète صلى الله عليه وسلم au début de la journée lorsque des gens pieds nus et dévêtus vinrent, leurs habits étaient déchirés, leurs épées dégainées, la plupart d’entre eux étaient de Moudar ou ils étaient plutôt tous de Moudar. Le visage du prophète صلى الله عليه وسلم changea lorsqu’il vit leur grande pauvreté. Il rentra puis ressorti, puis ordonna à Bilal de faire al-adhan et al-iqâmah, ce que Bilal fit, le prophète pria puis exhorta et dit : « Ô gens craignez votre seigneur qui vous a créé d’un seul être » jusqu’à la fin du verset : « Certes Allâh vous observe parfaitement » et il cita également le verset dans al-hashr : « Craignez Allâh et que chaque âme voit bien ce qu’elle a avancé pour demain et craignez Allâh ». » Ensuite il dit : « un homme fait aumône de son dinar, un autre de son dirham, un autre de son vêtement, un autre de son sa’ de blé, un autre de son sa’ de datte » jusqu’à dire : « ne serait-ce que par un morceau de datte ». Ensuite un homme parmi les ansars vint avec un paquet de marchandise que sa main avait du mal à porter ensuite les gens se suivirent jusqu’à ce qu’il y est deux tas d’habits et de nourriture au point que j’ai vu le visage du Messager صلى الله عليه وسلم briller comme s’il était doré. Le Messager صلى الله عليه وسلم dit alors : « Quiconque introduit dans l’Islam une bonne tradition, recevra sa propre récompense et celle de ceux qui la mettent en pratique après lui sans que leurs récompenses ne soient diminuées. Et quiconque introduit une mauvaise tradition dans l’Islam, en supportera le mal et celui de ceux qui la mettront en pratique après lui, sans que leurs mauvaises actions ne soient diminuées. ».
J’ai donc dit que ce hadîth est une preuve qui permet de demander des dons des gens pour aider les pauvres ou pour concrétiser des projets car on en déduit ceci de cela. Et les projets publics profitent même à la plupart des gens dans le besoin et également à la plupart des gens de l’Islam. Il n’y a donc pas de mal à cela sous deux conditions :
- La première condition est que cela ne soit pas fait continuellement, mais seulement au moment du besoin. Je veux dire qu’il ne faut pas qu’il y est un bureau pour récolter les dons tout au long de l’année, non. Ceci doit plutôt avoir lieu au moment du besoin.
- La deuxième condition est que cela soit fait par des gens de confiance pour pouvoir garantir que l’argent arrive à sa place sans transgression, ni détournement ou perte d’argent.
Et Allah est plus savant.
[Fin de la parole du Sheikh]
[1] L’introduction n’ayant pas de lien direct avec le sujet, sa traduction a été omise. Seule la partie contenant la réponse du Cheikh a été traduite.
Traduit pour www.markaz-al-forqane.be
source : Compte Officiel du Cheikh. SOURCE