La bienfaisance envers les animaux
Q : Un frère demande l'avis de cheikh D’Abdul-cAzîz ibn cAbdullah Ben Baz sur la maltraitance des animaux
D’Abdul-
cAzîz ibn
cAbdullah Ben Baz au frère X, que la paix, la miséricorde d’Allah et Sa bénédiction soient sur vous.
J’ai lu votre lettre datée du 24/10/1982, concernant le déplacement d’animaux de votre pays, l’Australie, vers le Moyen-Orient, qui se déroulent dans de mauvaises conditions, comme l’état des bateaux sur lesquels ils voyagent. Nous prions Allah qu’Il vous guide ainsi que nos frères musulmans vers Son droit chemin ; et nous vous remercions de votre intérêt pour ce sujet important. Ainsi, nous nous intéressons à votre réponse à la lumière des textes coraniques et prophétiques, incitant à la bienfaisance envers tous les animaux sans distinction, et les hadiths menaçant ceux qui maltraitent aux animaux.
Concernant les textes incitant à la bienfaisance, Allah dit :
« Et faites le bien, car Allah aime les bienfaisants. »[1]
et la parole du Très-Haut :
« Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance »[2]
Dans le Sahîh Muslim et dans les Sunan, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit dans un hadith :
« Certes, Allah a prescrit la bienfaisance dans toutes choses. Si vous tuez, tuez bien et si vous égorgez, égorgez bien. Que chacun de vous aiguise bien son couteau et traite bien la bête sacrifiée. »[3]
Le hadith de celui qui porta secours au chien haletant met aussi en évidence qu’Allah accorde une récompense, pardonne les péchés et remercie celui qui sauve un animal. Selon Abû Hurayra, qu’Allah l’agrée, le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Alors qu’un homme marchait sur une route, voilà qu’il ressentit une grande soif. Il trouva alors un puits, y descendit et but l’eau du puits. En remontant, il vit un chien haletant et léchant la terre humide, tellement il avait soif. L’homme se dit : « Ce chien souffre de la soif autant que j’en souffrais moi-même. » Il redescendit dans le puits, remplit sa chaussure, la tint avec ses dents et remonta. Il en abreuva le chien et Allah loua son acte et lui pardonna ses péchés. » Ils dirent : « Ô Messager d’Allah ! Avons-nous une récompense pour nos bonnes actions envers les animaux ? » Il dit : « [Pour celui qui fait du bien] à toute créature vivante, il y a une récompense. »[4]
Selon Abû Hurayra aussi, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Une des prostituées des Fils d’Israël vit un chien qui tournait autour d’un puits mourant de soif. Elle ôta sa chaussure, la remplit d’eau du puits et l’en abreuva. Cela lui valut l’absolution de ses péchés. »[5]
De même que l’islam a incité à la bienfaisance et l’a rendu obligatoire envers ceux qui la méritent, il a interdit le contraire qui est l’oppression et l’agression. Allah le Très-Haut dit :
« Et n’agressez pas. Allah (en vérité) n’aime pas les agresseurs. »[6]
Allah le Très-Haut :
« Et quiconque des vôtres est injuste, Nous lui ferons goûter un grand châtiment. »[7]
Dans Sahîh Muslim, Ibn
cUmar, qu’Allah les agrée, passa à côté de jeunes gens qui avaient attaché une poule pour s’en servir comme cible. A la vue d’Ibn
cUmar, ils se dispersèrent. Ibn
cUmar dit : « Qui a fait cela ? Le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a maudit celui qui fait cela. »[8] Toujours dans Sahîh Muslim, selon Anas, qu’Allah l’agrée, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a interdit d’enfermer les animaux jusqu’à ce qu’ils meurent.[9] Dans une autre version du hadith, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Ne prenez pas un être vivant comme cible. »
Selon Ibn
cAbbâs, qu’Allah les agrée, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a interdit de tuer quatre animaux : l’abeille, la fourmi, la huppe et la pie grièche.[10] Dans le Sahîh de Muslim, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Une femme est entrée en Enfer pour avoir enfermé une chatte jusqu’à la mort sans lui avoir donné ni à manger ni à boire, et sans la laisser se nourrir des petites bêtes qui se trouvent sur terre. »[11]
Dans les Sunan Abî Dâwûd, selon Abû Wâqid, qu’Allah l’agrée, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit : « Tout ce qui est coupé d’un animal vivant est considéré comme [viande] morte (c.-à-d. impropre à la consommation). »[12] At-Tirmidhî l’a rapporté dans le chapitre « Tout ce qui est prélevé d’un animal vivant est considéré comme mort. »
Abû Mass’ûd, qu’Allah l’agrée, a dit : « Alors que nous étions en voyage avec le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, il s’en alla faire ses besoins. Nous vîmes alors un oiseau avec ses deux petits. Nous prîmes les deux oisillons et leur mère se mit à voler au-dessus de nos têtes. A ce moment arriva le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, qui dit :
« Qui a fait de la peine à cet oiseau en lui prenant ses petits ? Allez, rendez-lui ses enfants ! »
Il vit aussi une colonie de fourmis que nous avions brûlée. Il dit :
« Qui a brûlé cette colonie ? »
Nous dîmes : « Nous. » Il dit :
« Il n’appartient qu’au Maître du Feu (Allah) de châtier par le feu. »[13]
Selon Ibn
cUmar, qu’Allah les agrée, le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Quiconque tue un oiseau ou un autre animal plus petit sans lui avoir donné son droit sera interrogé par Allah Glorifié à son sujet. »
Ils dirent : « Et quel est son droit ? » Il dit :
« L’égorger pour le manger et non le tuer pour le jeter. »[14]
Selon Ibn
cAbbâs, qu’Allah les agrée, le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, vit une fois un âne marqué au fer sur le visage et dit :
« Allah a maudit celui qui l’a marqué. »[15]
Dans une autre version, le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, a interdit de frapper et de marquer au visage.[16] Ceci comprend aussi bien les hommes que les animaux.
Tous ces textes prouvent l’interdiction de maltraiter les animaux, y compris ceux qu’il est légitime de tuer. Le sens de ces hadiths et leur contenu met en évidence l’attention que porte l’islam aux animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Par conséquent, il faut que cette attention soit au centre des préoccupations, d’autant plus pour les animaux concernés par la question, d’une part, puisqu’on les mange ou on les garde, et qu’ils font l’objet de règles juridiques concernant les rites et les sacrifices ; d’autre part, ils sont exposés à beaucoup de peines lors de leur transport par quantités importantes et sur de longues distances. En effet, durant ces trajets peuvent survenir beaucoup de problèmes comme l’entassement, la soif, la propagation des maladies et d’autres plus graves, qui doivent normalement inciter les responsables à aménager rapidement de meilleures conditions : la nourriture, l’eau, la climatisation, les contrôles médicaux, la séparation des forts et des faibles, du malade et du sain, et ceci dans toutes les étapes, jusqu’à la commercialisation. Les entreprises commerciales et les sociétés d’import-export en ont actuellement le pouvoir. C’est même une obligation pour leurs propriétaires et ceux qui s’en occupent.
Un autre point désolant auquel il faut prendre garde est la façon d’égorger les animaux comestibles dans beaucoup de pays étrangers, et les étapes de torture qui précèdent l’égorgement, comme les électrodes dans le cerveau afin de l’anesthésier, le fait de les suspendre jusqu’à ce qu’ils passent devant celui qui les égorge, le fait de plumer les oiseaux vivants, de les tremper dans de l’eau bouillante ou de les exposer vivants à la vapeur pour les plumer, en prétendant que cela est plus clément pour eux. Il va sans dire que ceci est une torture pour les animaux et c’est contraire aux textes invitant à la bienfaisance envers eux. Tout acte contraire à la religion islamique est considéré comme une torture et un manque aux droits des animaux. Celui qui fait cela sera jugé conformément au hadiths pré-cités et au hadith suivant :
« Certes, Allah jugera entre la brebis sans corne et la brebis cornue. »[17]
Que peut-on dire alors, de celui qui approuve la transgression des droits et ses conséquences néfastes, et la pratique ?
En se basant sur les textes juridiques et leurs implications, les savants de la jurisprudence islamique ont montré tout ce qui est obligatoire, recommandé, interdit ou détestable en ce qui concerne les animaux en général, et ont expliqué en détail l’égorgement des animaux propres à la consommation.
Voici quelques règles de bienfaisance recommandées pour l’égorgement :
1- Faire boire la bête avant de l’égorger, selon le hadith précédent :
« Certes, Allah a prescrit de pratiquer le bien en toute chose. »[18]
2- Que la lame soit bien aiguisée, que celui qui égorge passe la lame (sur l’endroit approprié) avec force et rapidité, au niveau de la poitrine pour les dromadaires, et de la gorge pour les autres animaux.
3- Le dromadaire doit être égorgé debout, la patte arrière gauche attachée si possible et dirigé en direction de la Qibla (la Mecque).
4- Les autres animaux doivent être couchés sur le côté gauche en direction de la Qibla, le pied de celui qui égorge sur la nuque de la bête, sans l’attacher et sans lui casser ni lui ôter quoi que ce soit avant qu’elle ne soit morte. Il est détestable de lui trancher la tête avant qu’elle soit morte, de même que de l’égorger devant une autre bête.
Ceci est recommandé au moment de l’égorgement, par miséricorde et bienfaisance envers l’animal. Le contraire est détestable, comme par exemple le tirer par les pattes pour le déplacer. Il est rapporté par
cAbdur-Razzâq, qu’Ibn
cUmar, qu’Allah les agrée, lui et son père, a vu un homme en train de tirer une brebis par la patte afin de l’égorger. Il lui dit : « Malheur à toi : tu l’emmènes à la mort, fais-le donc convenablement. »[19]
De même, il est détestable d’aiguiser le couteau devant l’animal quand on veut l’égorger, selon le hadith dans le Musnad de l’imam Ahmad, d’après Ibn
cUmar, qu’Allah les agrée : « Le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, a ordonné d’aiguiser les couteaux hors de la vue des bêtes »[20], et selon le hadith dans le Mu
cjam at-Tabarânî, Al-Kabîr et Al-Awsat, avec des rapporteurs remplissant les conditions du Sahîh, selon
cAbdullah Ibn
cAbbâs, qu’Allah les agrée : « Le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, passa à côté d’un homme qui avait son pied sur la nuque d’une bête, en train d’aiguiser son couteau au vu de la bête. Il lui dit alors :
« Tu aurais dû le faire avant ! Veux-tu la tuer deux fois ? »[21]
Pour les animaux que l’on ne peut égorger comme les bêtes sauvages ou les dromadaires indociles, il est permis de leur tirer une flèche, après avoir prononcé le nom d’Allah (« Bismillah »), afin de faire couler le sang, sans l’atteindre dans une partie osseuse ou un ongle. Même si la flèche tue l’animal, il est permis de le manger, puisque c’est la seule manière de le tuer dans ce cas.
Ceci est un simple résumé des textes, en réponse à votre question, parmi tant de hadiths authentiques concernant le transport des animaux en général. En effet, l’islam est la religion de la miséricorde, la loi de la bienfaisance, un mode de vie complet et une voie menant à Allah et Son Paradis. Il incombe donc de prêcher les gens vers l’islam, de juger selon sa loi, de faire l’effort de le propager parmi ceux qui n’en n’ont pas connaissance et de rappeler à l’ensemble des musulmans les règles et les objectifs qu’ils ignorent, et faire tout ceci sincèrement pour Allah. Les objectifs de la Législation islamique sont le summum de la justice et de la sagesse. Donc, tous les animaux ne nous sont pas interdits, contrairement aux bouddhistes et tous ne sont pas licites, contrairement aux mangeurs de porc et d’animaux sauvages. Cette Loi préserve les droits de la personne, ses biens et son honneur.
Nous remercions Allah pour Ses grâces, dont la meilleure d’entre elles est l’islam. Nous l’implorons pour qu’Il fasse triompher Sa religion, pour que Sa parole soit élevée et qu’Il n’éloigne pas les mécréants de l’islam à cause de nous et notre négligence.
Paix et salut d’Allah sur notre Prophète, celui qui a transmis le message clair, sur sa famille et ceux qui ont suivi sa voie jusqu’au Jour Dernier. Que la paix, la miséricorde d’Allah et Sa bénédiction soient sur vous.
- Fatwa du cheikh Ben Baz
- Magazine ad-Dac wa, n°910.
[1] La Vache, v. 195. [2] Les Abeilles, v. 90. [3] Muslim dans le chapitre de la chasse (1955). [4] Al-Bukhârî dans le chapitre du comportement (6009), Muslim dans le chapitre de la paix (155-2244). [5] Muslim dans son Sahîh dans le chapitre de la paix (155-2244). [6] La Table Servie, v. 87 [7] Le Discernement, v. 19. [8] Al-Bukhârî dans chapitre des sacrifices (5515), Muslim dans le chapitre de la chasse (1958). [9] Al-Bukhârî dans chapitre des sacrifices (5513), Muslim dans le chapitre de la chasse (1956). [10] Abû Dâwûd dans le chapitre du comportement (5267), Ibn Mâjah dans le chapitre de la chasse (3223) avec une chaîne de rapporteurs authentique.[11] Al-Bukhârî dans le chapitre des histoires des prophètes (3487), Muslim dans le chapitre de la paix (2242). [12] Abû Dâwûd dans le chapitre de la chasse (2858), At-Tirmidhî dans le chapitre des nourritures (1480), Ibn Mâjah dans le chapitre de la chasse (3216). [13] Abû Dâwûd dans le chapitre du Jihâd (2675), dans le chapitre du comportement (5268), Ahmad (1/404). [14] An-Nassâ’î dans le chapitre de la chasse (7/207), Al-Hâkim (4/233) et il l’a authentifié. [15] Muslim dans le chapitre du vêtement (2117). [16] Muslim dans le chapitre du vêtement (2116). [17] Muslim dans le chapitre du bon comportement (2582), Ahmad (1/72). [18] Muslim dans le chapitre de la chasse (1955). [19] ‘Abdur-Razzâq dans son Mussannaf (8605). [20] Ahmad (2/108). [21] At-Tabarânî dans Al-Kabîr (11956), dans Al-Awsat (3509). Al-Haythamî a dit dans Al-Majmac (4/33) : « Les rapporteurs remplissent les conditions du Sahîh. »